samedi 15 septembre 2012

A Mogador on est né, on est béni et bien pétri.



À Mogador on est né ! À Mogador on est béni ! À Mogador on est bien pétri 
Dans ses ruelles étroites ! On a couru du matin au soir aussi bien que rien
Pieds nus et tête rasé ! A la rue on a tapé au ballon et couru à cache cache et a délivrer.
En petit gamin on a rempli des sceaux et bidons de la belle fontaine du coin
Pour notre maison et bien volontiers pour celle de nos cousins et voisins
Sur notre petite tête ! Ho !que de planches de pain on a transporté pour les ramener au four et en retour du four avec grand soin, attention et rapidité sans hésiter du moment.
Dans toutes ses maisons, on est bien accueilli, on mangeait, on jouait et on dormait on ne distinguait ni la mienne de la tienne ni celle de la sienne ou celle d’à-côté pour s'y héberger sans y penser si les parents nous cherchaient.
À Mogador Aicha Kendicha nous faisait peur, surtout de nuit et moins qu’en jour.
À Derb Ahl Adouwar Rquia Laarja faisait sa loi, terrassant petits et grands
à Alkhouddara Kaila nous lançait à haute voix Difandi Azzit Ydkhoul Lemdina
De Chouarej on suivait la maquillée Al Ghalia épaulant, fumant et arrosant la Mahia
Chez Lahbib Moul Lkoumir à Mellah Lakdim on achetait Koumira Darial et Chamhoune y faisait Laflifla dedans pour notre régal.
À Derb Sidi à Abdessmih y avait notre Zoro Ahouinate Caoucaou qui penchait de gauche à droite.
A Achoura on entendait dans tous les coins Charabat Ya Loulidates Hi Walla Barad ou Hlou Hnaya
À Bni Antar comme à Chbanate, on veillait au grand tapage de tamtams et Taaraj dans la mélodie appropriée de Chrib Atay.
À Aid Lakbir on chantait Koubaa Ahah ! Maribaa Ahah et Arfa Mabarka Mimouna
À Souk Laghzal avec peu de francs on grignotait des, Krinbouch, Tizgha, Nbeg et Sasnou de Taib Ouhari à Tikida de Tikhchawine a Lagliya et Laarissa et de Caoucaou wa Tgarmila Maa Zarriaa on s'est amusé et bien régalé 
À Sidi Magdoul on égorgeait le bouc en offrande Maarouf et on distribuait des plats de couscous en semoule bien garnis aux invités et aux visiteurs à longueur de journée et sans lacement ni mépris.
De la Kasba au sanctuaire on s'accrochait derrière les belles calèches à chevaux et on entendait leurs sabots bien rythmes aux petites clochettes qui les distinguaient.
A Taghart on a nagé, à Taghart on s’est bronzé, à Taghart on s’est musclé, à Taghart on s’est développé, a Taghart on a grandi et a Taghart on s'est bien cultivé et dans ses cabines on s’est bien amusé.
Chez le marchand de beignets on faisait la queue pour lui ouvrir le bal et déguster l'Abbassiya en petits beignets arrondis.
À Mogador on est né ! À Mogador on est bien béni ! À Mogador on est très bien pétri 
À Mogador on se souvient ! À Mogador on ne se manquait de rien ! À Mogador on vivait très bien, mais à Essaouira on y revient sans ne se soucier de rien sachant bien que tout n'est plus rien et qu'hier n'est plus comme aujourd'hui et demain, on y revient sans jamais perdre un peu d’espoir pour la revoir un jour dans son état normal et initial.
On y revient malgré tous les macabres, malgré toutes les crevasses et malgré toutes les odeurs maussades qui se dégagent, on y revient en souvenir de Mogador, de sa gloire et de toutes ses belles histoires qu'on racontait et savourait en guise d'un passe bien vécu dans un grand bonheur très bien partagé, dans des grandes valeurs et dans de l’authenticité.








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